Photo d'une main qui tient des haricots

La Chambre de Commerce de Quimper révèle les errances des professionnel·le·s de la restauration

Lundi 27 février aura lieu à l’initiative de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Quimper (CCIMBO) un salon inversé intitulé « Recrute ton Boss »  afin d’aider notamment les employeurs de la restauration à trouver un personnel qui manque cruellement à l’approche de la saison touristique. Si l’on en croit le site de la CCIMBO, ce ne sont plus les candidat·e·s mais les employeur·euse·s qui devront convaincre les salarié·e·s potentiel·le·s de les rejoindre et ils auront 3 mn pour le faire lors de tables rondes organisées pendant l’événement.

Cette démarche est présentée comme « une nouvelle approche, plutôt novatrice » dont l’un des enjeux est de « s’adapter et réinventer les pratiques de recrutement » pour attirer, on le suppose, les salariés qui font défaut.

Une fois de plus, la profession profite d’un subterfuge pour ne pas mettre sur la table deux questions fondamentales qui ont largement contribué à la désertion du secteur de la restauration par les salariés : les violations quasi institutionnalisées du droit du travail et les maltraitances diverses exercées sur le personnel.

La restauration pratique le travail dissimulé pour ne rappeler qu’une dérive en matière de législation sociale. Mais il en existe beaucoup d’autres comme le non-paiement des heures supplémentaires ou le travail des mineurs, beaucoup plus difficiles à prouver ; même chose pour les maltraitances au travail : c’est une parole contre une autre, celle de l’agressé·e contre son agresseur·euse. Traditionnel pouvoir de domination qui a peau dure alors que les rapports au travail doivent urgemment changer.

Des récentes mesures aux relents néo-colonialistes nous rappellent les temps forts des Trente Glorieuses où on « importait » du Maghreb de la main d’œuvre pour travailler dans nos usines , une instrumentalisation cynique des salarié·e·s étranger·e·s non déclaré·e·s devenus soudainement bienvenu·e·s , en passant par une forme de néo-esclavagisme qui livrerait des populations vulnérables à un secteur d’activité bien peu scrupuleux en matière de droit du travail . Trouver du personnel, « quoi qu’il en coûte ». Imaginer redonner l’envie de nos métiers sans traiter publiquement de ces dérives passées et présentes ne ramènera personne dans nos restaurants.

Nous appelons salarié·e·s et entrepreneur·euse·s membres de notre association à aller beaucoup plus loin dans la remise à plat des rapports au travail de part et d’autre. Chaque jour des professionnel·le·s militent pour une vraie dignité au travail qui demande de faire des efforts, d’affronter les dérives et certainement de vouloir changer les règles du jeu commerciales, salariales, sociales et finalement politiques. Plutôt que de vendre du rêve, contredit par la cruelle réalité des salariés comme par des entrepreneur·euse·s engagé·e·s dans la dignité au travail, ayons le courage de faire table rase. Nous dénonçons mais nous voulons aussi exprimer le besoin de redéfinir ce que pourrait être le travail dans toutes les restaurations, non pas dans un rapport de séduction mais dans un travail de collaboration sur une nouvelle organisation du travail. Bien au-delà que ce qui a été négocié en 2022 et qui continue de nier l’héritage d’une profession à bout de souffle. Ce ne sont pas les pratiques de « recrutement » qu’il faut ré-inventer mais les pratiques de « travail ». C’est à un nouveau sens que nous aspirons conjointement, en s’asseyant avec des représentants de part et d’autre qui auront le courage de sortir de leurs amnésies. Nous pouvons espérer combler un déficit de personnel tout à fait justifié, susceptible de nuire à terme aux employeurs intègres du secteur.


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